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CRESPIN Auguste
Auguste
Crespin est né à Cancale en 1887.
Fils
de marin, bercé dès son plus jeune âge, par les récits merveilleux des vieux
marins, et par les chansons de la mer, il ne pouvait échapper à son emprise.
Cependant ses débuts comme mousse en juin 1903, faillirent aussi être la fin
tragique de sa carrière : Démâté au cap Horn, ayant subi de graves avaries,
le malheureux navire relâche à Montevideo, d’où l’équipage est rapatrié.
Auguste Crespin ne perd pas courage : il repart au long cours et jusqu’en
1911, fait 4 voyages des mers du sud, doublant chaque fois le Cap Horn.
Il
débarque du 3-mâts ADOLPHE de la Maison A. D. Bordes pour se faire recevoir à
Nantes en 1911, C.L.C. Il navigue alors sur les vapeurs de la Cie Worms, puis de
la Sté Navale de l’Ouest, envisageant déjà de rentrer au pilotage dont il
avait eu un avant goût en obtenant en Angleterre, à Grinsby la licence de
capitaine pilote.
Notre
cher camarade devait donner toute la mesure de son intelligence très vive et de
ses capacités dans le métier de pilote de mer du port de Rouen. Admis en cette
qualité, fin 1916, il se distingua rapidement par son calme et son sang froid,
se tirant toujours des situations les plus difficiles, au cours d’une
navigation dangereuse dans les bancs de l’estuaire de la Seine, et dans ce
fleuve si souvent brumeux et fréquenté chaque année par des milliers de
navires. C’était un pilote de grande classe et une personnalité marquante
dan sa station : il fut élu par les 70 pilotes de la station de pilotage de mer
de Rouen, pour diriger l’exploitation du matériel naval qui était à cette
époque le plus important des ports du littoral français. Il s’acquitta avec
succès et toujours la même bonne humeur, pendant de longues années de ses
fonctions absorbantes qu’il cumulait avec les exigences du service.
Si
son sang froid et son calme étaient légendaires parmi nous, sa bonne
camaraderie lui avait attiré la sympathie affectueuse de tous ; il ne comptait
que des amis. L’annonce de sa disparition si brutale a causé à tous ceux qui
le connaissaient une surprise douloureuse et ceux que l’éloignement ou tout
autre cause, a empêché de se joindre à nous, auront aujourd’hui une
pieuse pensée pour notre cher disparu.
Au
cours d’une carrière longue de 46 années, il connut comme tous les marins
des dangers de toute sorte : le cap Horn, la navigation sans feux pendant la
guerre de 1914-1918, les périlleux embarquements ou débarquements en rade du
Havre.
Notre
ami s’était retiré pour jouir d’une retraite bien gagnée, dans ce joli
coin de Cancale où il retrouvait sa famille, ses camarades d’enfance,
l’ambiance de sa jeunesse, laissant au Havre, pour le remplacer dans la carrière
de pilote, son fils Auguste, capitaine au long cours, qui a hérité, dans
l’exercice de ses fonctions de pilote, du sang froid et du calme de son père...
(Extrait
de l’allocution prononcée le 11 octobre 1954 aux obsèques de notre camarade
Cap Hornier)
Le
grand mat Yves Menguy, Gautier, secrétaire général, Dolo secrétaire adjoint
de l’A.I.C.H., Guillemot, Le Breton, Lemeur, Portier, etc. Cap Horniers et de
nombreux amis ont conduit notre camarade à sa dernière demeure.
Crespin
était chevalier du Mérite Maritime.
Il
est mort le 7 octobre 1954.